Le phénomène des clubs de motards, aujourd’hui entrés dans le paysage social mondial, est apparu dans la seconde moitié du vingtième siècle, période morcelée par les conflits. Nous avons là l’expression du désir de liberté de plusieurs générations de jeunes, voulant couper le cordon avec toute forme d’autorité. C’est comme ça que la moto est devenue l’un de leurs symboles centraux, la moto étant considérée comme le moyen de rompre avec un passé trop lourd, le symbole du dépassement, du danger, de la prise de risque, de la solitude…La moto a donc permis de réunir toute une génération de jeunes, favorisant l’émergence de ces clubs.
C’est évidemment sur le sol américain que les premiers d’entre eux ont fait leur apparition, toutefois ce mouvement s’est diffusé dans le monde entier, en Europe comme en Russie, en Australie comme en Amérique latine. Le club des Abutres est justement originaire de cette région du globe.
Sommaire
Les Origines du club
Comme souvent, ces grands mouvements sont partis de choses très simples. C’est dans la ville brésilienne de Sao Paulo que naquit ce qui deviendra l’un des plus grands clubs de motard du monde, grâce à la réunion de quelques copains du même quartier ayant décidé un jour de se réunir.. Les origines de cette décision ne sont pas connues, mais elles sont facilement identifiables. Le désir de trouver plus de monde avec qui rouler, le plaisir de partager de bons moments et de monter ensemble des manifestations, l’envie de bonnes soirées arrosées… c’est le 6 septembre 1989 que le club a officiellement vu le jour.
Il a connu un succès fulgurant depuis. à ce jour, le club des Abutres comporte des chapitres en Argentine, au Japon, au Paraguay, au Portugal, en Espagne et aux États-Unis. Rien qu’au Brésil, il a vingt-sept chapitres et en Espagne, les Abutres sont répartis sur cinq chapitres. Cela en fait donc l’un des clubs ayant connu une des plus fortes diffusions. Étant donné son esprit et sa politique, cela n’est guère étonnant, cela est même plutôt rassurant.
Les spécificités du club
Comme tous les clubs de moto, le club des Abutres possède ses spécificités. Celles qui nous paraissent les plus remarquables sont cette capacité à se propager dans le monde et la grande bonté dont ils font preuve. Celle-ci tire sans doute son origine de l’immense pauvreté de Sao Paulo, qui reste l’une des villes les plus pauvres du monde. Nous pensons qu’il est impossible de rester insensible face à cette misère et que rajouter de la violence à cela n’appartient pas à la nature humaine, de telle sorte que les personnes de bonne volonté ne peuvent rester les bras ballants face à ce marasme.
Étant très structuré dans son organisation, le club tient à ce que le nouveau membre montre patte blanche pour devenir un authentique Abutre. Cela passe par toute une série d’intronisations et de tests durant lesquels le prétendant devra montrer son dévouement et son engagement envers les causes défendues par le club. Il est rare, malheureusement, de trouver des regroupements de motards qui se tournent vers les autres au lieu de rester enfermés sur eux-mêmes. c’est ainsi qu’au cours des années, les Abutres ont acquis une excellente réputation.
Les Couleurs et le Code d’honneur des Abutres
Le fait d’appartenir à un club de motards suppose un réel dévouement, cela peut empiéter sur la vie personnelle ou professionnelle, car les sollicitations sont très nombreuses. Entre autres, l’adoption d’un style vestimentaire est obligatoire, en particulier le célèbre blouson de cuir au dos duquel est cousu le logo du club. Celui des Abutres ne fait pas exception et représente un oiseau que l’on peut identifier comme un vautour.
La traduction du mot “Abutres” est d’ailleurs polysémique, car ce mot est généralement traduit par ”vautour”, c’est d’ailleurs la traduction que retient l’anglais en parlant de “vultur”, mais par moments le terme est improprement traduit par le substantif “aigle” Quoi qu’il en soit, ces volatiles possèdent une couleur sombre et la capacité à planer bien au-dessus du monde pour l’observer. Le logo représente ainsi un vautour posé, le cou déplumé, le regard tourné de trois quarts, sourcils froncés dents apparentes. Le volatile est bedonnant et provoque davantage un sourire qu’un sentiment de peur.
Manifestement, il y a une forme de dérision vis-à-vis des logos menaçants et hostiles des autres clubs. Nous avons davantage affaire à une image tirée d’une bande dessinée. Au-dessus de l’oiseau figure le nom “Abutre” et en dessous on retrouve le pays d’origine du motard. Sur la gauche du volatile figure le fameux “1 %”, faisant référence au tristement célèbre club des 1 % de motards considérés comme dangereux, expression tirée de la police. A droite du dessin figurent les lettres MC. Il y a quelque chose d’amusant dans ce logo qui représente plutôt bien le positionnement d’autodérision que souhaite adopter le club. Il ne s’agit pas de faire peur ou de menacer qui que ce soit, au contraire les Abutres sont plutôt ouverts sur le monde.
Autant les autres clubs se font connaître par leurs exactions et par leurs nombreux méfaits, comme du trafic de drogue, des attaques à main armées ou des bagarres, autant les Abutres se font connaître par de très nombreuses actions caritatives, particulièrement dédiées aux enfants, population extrêmement touchée par la pauvreté au Brésil. Nous imaginons que la crise du covid 19 a dû singulièrement dégrader cette situation déjà précaire. Balades, quêtes, collectes, aides à la personne…nombreuses sont les actions entreprises par le club des Abutres. C’est par exemple le seul club de motards travaillant avec la police militaire et le service d’incendie. Le Brésil a même instauré une journée nationale du club des Abutres, depuis septembre 2017.
Conclusion
Dans un milieu de motard gangrené par la violence, rencontrer un club intégralement tourné vers les autres, vers l’entraide et la solidarité est une belle surprise. Le club des Abutres mérite d’être salué en ce sens, en raison de leur engagement et de leur philosophie. Les autres clubs bien plus belliqueux feraient bien de prendre exemple sur leur homologue brésilien.