Le Vagos MC se retrouve également sous l’appellation de la Green Nation, en raison de sa couleur verte prédominante. Il compte aujourd’hui plus de 4 000 membres répartis sur 200 chapitres à travers le monde. Il existe même des clubs de Vagos en France, à Toulon et à Strasbourg. Très récemment, un nouveau chapitre s’est installé à Metz. Moto club hors-la-loi faisant partie des 1 %, ce MC se retrouve impliqué dans des raids des forces de l’ordre américaines de grande envergure. Découvrons les origines et les faits d’armes de ces bikers verts.
Sommaire
Origines du Vagos MC
Comme la plupart des motorcycle clubs de cette époque, les membres fondateurs des Vagos sont des anciens combattants de l’US Army impliqués dans la Seconde Guerre mondiale. Avoir vaincu les Allemands ne les empêchera cependant pas de développer une idéologie nazie au sein de leur club, comme beaucoup de MC 1 %. Originaires du Mexique, les pionniers du club s’inspirent de leurs origines pour trouver un nom et des couleurs à leur alliance.
Des membres d’un autre MC pour créer les Vagos
Créé en 1965, à San Bernardino, en Californie, les Vagos sont originaires d’un autre club, le Psychos MC. Suite à de nombreux conflits au sein de ce gang, 8 membres décident de se désolidariser et de fonder leur propre groupe, avec leurs propres lois. Ayant l’habitude des moto clubs, les Vagos établissent tout de suite une hiérarchie. Un président est nommé, Rudy (surnommé Puro), puis un vice-président : Gil Carrasco. Whitey devient le secrétaire trésorier et Lucky le sergent d’armes. Les 4 autres fondateurs sont Harley Hog, John Estrada (surnommé Crazy), Freddy Ruiz et Alex Estrada (surnommé Little).
La signification du nom Vagos
Puisque les 8 premiers Vagos sont d’origine mexicaine, ils cherchent un nom en langue espagnole. Avant de se mettre d’accord, quelques propositions sont étudiées. Ils hésitent entre « Coffin Dodgers » et « Satan Saints ». Le premier signifie « les esquiveurs de cercueils » et le second « les Saints de Satan ». Dans ces deux propositions, on retrouve une envie d’appartenance déjà présente aux clubs de motards hors-la-loi, en empruntant le champ lexical relié au diable et à la mort.
C’est cependant la proposition du président Puro qui est retenue, après un vote à l’unanimité : Vagos. En espagnol, ce mot peut se traduire de différentes façons. Il désigne les vagabonds, les gitans ou renvoie à des personnes qui voyagent et qui sillonnent le pays. Étrangement, on retire ici toute notion de satanisme ou d’idée morbide et on revient à une tradition du biker sillonnant les routes sur sa machine.
Les débuts et l’expansion du club
Les Vagos se retrouvent très vite impliqués dans différentes affaires criminelles, dont un meurtre en 1974 duquel ils ne sont finalement pas coupables. Avant même de pouvoir commencer à rider lors de courses organisées par l’AMA (American Motorcyclist Association), le MC est reconnu club de motards hors-la-loi. Ils se mettent rapidement à chercher le conflit avec d’autres moto clubs, faisant régner la terreur dans certains bar accueillant les bikers.
Il ouvre rapidement des chapitres à travers tous les États-Unis, notamment en Arizona, dans le Nevada, en Utah, dans l’Oregon, en Caroline du Nord, dans l’État de Washington, en Virginie et proche de la frontière mexicaine. Les membres sont majoritairement d’origine mexicaine, mais toutes les ethnies sont acceptées.
Les Spécificités du Club
Les Green Nation commencent assez rapidement à porter les signes d’une appartenance à une idéologie nazie. Cette caractéristique n’est pas unique à ce club. Il existe beaucoup de MC ou de membres de certains chapitres des clubs 1 % qui ont, de près ou de loin, un lien avec le néonazisme.
En dehors de leur idéologie politique, la force des Vagos réside dans leur capacité à faire changer de club de nombreux motards. Cette puissance les aide à s’exporter au-delà des frontières, contrairement aux Devils Diciples, qui n’ont jamais vraiment réussi cet exploit.
Des chapitres ouverts pas des membres d’autres clubs
De nombreux bikers décident de quitter leur motorcycle club d’origine pour rejoindre la Green Nation. Ils se soumettent ainsi aux règles et aux lois du Vagos MC. Le premier de ces chapitres trouve naissance au même endroit que leur idole, à San Bernardino et se nomme Berdoo. Des membres même des Berdoo créeront plus tard un club à San Gorgonio. Des groupes sont ensuite fondés à Victorville, par des membres du Cossacks MC, et à Los Angeles, par des Talons MC. À San Gabriel Valley, le chapitre SGV de la Green Nation voit le jour grâce à des membres des :
– Highwaymen MC,
– Vendettas MC,
– Dirty Dozen MC,
– Verdugos MC,
– Ghostmen MC.
Deux autres chapitres voient le jour dans la vallée de Pormona grâce à des membres du Nacoda Breed MC et à Atelope Valley par des Brothers MC. De nouveaux chapitres des Vagos sont ensuite implantés dans l’Illinois, le Missouri, l’Idaho et à Hawaii.
Des chapitres dans le monde entier
Au Mexique, il s’ouvre des chapitres en Basse-Californie, à Jalisco et à Mexico City. La province canadienne de l’Ontario voit aussi arriver des Vagos. En 2013, la Green Nation s’exporte au-delà du continent pour s’installer en Australie et en Suisse. En Europe, on retrouve des chapitres en France (Toulon, Strasbourg et Metz), en Belgique, en Roumanie et en Allemagne.
Une appartenance néonazie revendiquée
Cette appartenance n’est pas particulièrement marquée dans les premiers chapitres de la Green Nation. Cette idée s’impose aux membres au fil des années, comme dans beaucoup de clubs. Les membres fondateurs ont repoussé l’ennemi allemand des forces alliées, très peu sont donc partisans du nazisme. Toutefois, à mesure que les clubs 1 % grandissent et aggravent leurs crimes, de nouveaux motards intègrent les clubs et commencent à imposer leurs idées de suprémacistes blancs.
C’est surtout dans les clubs européens, comme c’est le cas avec des chapitres du Chosen Few MC, que les symboles nazis sont portés et revendiqués. C’est notamment observable dans le chapitre français du Vagos MC de Metz. Arrivés dans la ville en mars 2022, les Vagos français organisent une réunion entre moto clubs, dans un bar. Des photos prises lors du rassemblement montrent des drapeaux, dont le Reichskriegsflagge, étendard officiel des forces armées allemandes, interdit en Allemagne aujourd’hui. Certains Vagos français ajoutent même l’insigne de la SS au sein du logo originel du club.
Les Couleurs et le Code D’honneur du Vagos MC
Son deuxième nom officiel étant la Green Nation, le Vagos MC se reconnaît évidemment par sa couleur verte emblématique. Elle se rapproche de celle des Boozefighter. Contrairement à eux, les Vagos ne sont pas obligés de porter un jersey ou un sweat vert en dessous de leur veste. Leur logo emblématique donne l’impression d’un diablotin rouge soulevant leur nom, il n’en est pourtant rien.
La couleur verte des Vagos
Le vert des Vagos se décline en plusieurs nuances au sein même de leur logo et a évolué au fil des années et des chapitres. L’idée du vert provient directement de leurs origines. En effet, c’est l’une des 3 couleurs que l’on retrouve sur le drapeau mexicain, elle rend ainsi hommage aux fondateurs.
Les prospects et les full patch du club arborent le vert de différentes façons. Les plus classiques portent une veste en denim bleu avec leurs patchs, souvent accompagnée d’un sweat blanc ou noir et vert, avec une casquette verte. Les autres enfilent une veste en cuir (parfois en jean) vert foncé, marquant encore plus la couleur, une fois les patchs disposés. Les bikers du gang roulent souvent sur des motos noires et vertes.
Les patchs et le logo du MC
Le logo de la Green Nation est assez particulier, puisqu’il contient le nom du club et les lettres « MC » au sein même de son design. Ainsi, les Vagos n’ont pas de rocker haut, ni de patch carré MC dans le dos de leur veste. Ils portent cependant un rocker bas avec la localité de leur chapitre d’appartenance.
C’est un membre du Berdoo qui dessine le logo, en prison. Il représente non pas un diable rouge, mais Loki, le dieu de la malice dans la mythologie nordique. Il tend les bras en l’air pour soutenir un « VAGOS », écrit en lettres capitales, de sa couleur verte pétante. Le mot est encadré de façon à tout de même rappeler un rocker haut. De part et d’autre du buste de Loki se trouvent les lettres « M » et « C ». En dessous, une roue de moto de laquelle dépasse une aile d’ange dont la courbe vient épouser le flanc du dieu nordique.
Sur le devant de la veste, certains membres portent un patch losange « 22 », faisant référence à la 22e lettre de l’alphabet, le V. Comme beaucoup de clubs, ils portent un patch VFFV, qui signifie « Vagos Forever, Forever Vagos » (Vagos pour toujours, pour toujours un Vagos). Le patch diamant 1 % peut être porté par les membres qui le souhaitent, ainsi qu’un patch rectangle « chapter member ». Un patch « MF » (famille de motards) est donné aux prospects une fois qu’ils deviennent full patch. Enfin, ils portent un side rocker affichant « Green Nation ».
Les signes nazis au sein des Vagos
Les clubs se revendiquant d’une idéologie néonazie, souvent reprise par des membres de l’extrême droite, n’hésitent pas à porter un patch de l’insigne des SS. Certains remanient même le logo original pour rendre Loki vert et lui ajouter 2 signes de la SS, de chaque côté de son corps, à la place des lettres M et C. Loki supporte alors un autre symbole nazi, une Totenkopf entourée de la mention « Meine ehre heißt treue », se traduisant par : « Mon honneur s’appelle fidélité ».
Accusations Criminelles et Justice
Comme de nombreux clubs 1 %, les Vagos sont accusés et jugés pour des crimes de trafic de drogues, de vols, de trafic d’armes, de violence et de meurtre. Ils tomberont dans un piège tenu par les forces de l’ordre, donnant lieu à un raid impressionnant.
Les premiers problèmes avec la justice
Leur première implication avec la justice pourrait être qualifiée de « délit de faciès », les membres ayant sûrement été arrêtés parce qu’ils étaient bikers. L’histoire se déroule en 1974. 4 membres de la Green Nation sont arrêtés, puis inculpés pour le meurtre d’un étudiant mexicain, William Velten. Les membres seront libérés après 17 mois, le véritable coupable, Kerry Rodney, avouant son crime. On ne doute pas que pour se faire arrêter et juger, les Vagos se trouvaient au mauvais endroit, au mauvais moment, avec de mauvaises intentions.
Pendant près de 20 ans, le Vagos MC commet ses crimes sans trop se faire intercepter. Comme beaucoup de clubs hors-la-loi, ils s’impliquent dans des bagarres et des règlements de compte qui ne leur valent pas plus que quelques heures ou jours en prison. Il faut attendre 1998 pour qu’une dizaine de Vagos soient arrêtés pour trafic de drogues et d’armes illégales. Entre 2000 et 2010, une cinquantaine de membres du club sont arrêtés et enfermés pour trafic d’armes, de drogues, cambriolages, vols, enlèvements et coercition.
Le piège à Hemet, Californie
Le 31 décembre 2009, des membres des Vagos tentent une attaque au gaz dans les quartiers généraux du Gang Task Force (les forces de polices travaillant sur les activités de gangs) à Hemet, en Californie. Une bombe avait été posée à côté du bâtiment, dans le but de provoquer une explosion. Deux policiers détectent le gaz avant que l’explosion ait lieu. Une enquête de grande envergure commence alors, les Vagos étant fortement soupçonnés, car présents sur les lieux du crime la veille, lors d’un enterrement juste à côté du QG.
En février, un policier échappe de justesse à la mort en évitant une balle, alors qu’il ouvrait une porte des quartiers généraux. Un dispositif bricolé avait permis à une arme de se déclencher à l’ouverture de la porte. En mars, les forces de l’ordre découvrent une de leurs voitures piégée à la bombe artisanale. Les policiers s’en sortent toujours indemnes et ont la ferme intention d’arrêter les coupables. Ils lancent alors une récompense de 200 000 dollars à quiconque leur donnera des renseignements permettant de localiser le gang de la Green Nation, qualifié de terroristes urbains.
Le 17 mars 2010, la police réussie enfin, lors d’un immense raid, à arrêter plus de 30 membres des Vagos. 400 policiers sont mobilisés au Nevada, en Arizona, en Utah et en Californie. Dans ce dernier État, ils perquisitionnent plus de 70 lieus dans lesquels ils saisissent de nombreuses armes, de la drogue et découvrent un laboratoire qui fabrique de la méthamphétamine.
Coup de théâtre en mars 2011, les Vagos portent plainte pour diffamation et dommage, à la suite du raid et des accusations d’attaque contre les Gang Task Forces d’Hemet. En août, le compté de Riverside innocente la Green Nation, car 2 hommes, sans aucun lien avec le MC, sont retrouvés.
Les faits récents de banditisme des Vagos
En septembre 2011, à Sparks, dans le Nevada, des membres du Vagos MC sont impliqués dans une fusillade au John Ascuaga’s Nugget, un casino de la ville. Ce soir-là, le président du chapitre californien de San Jose des Hells Angels, Jeffrey Pettigrew, trouve la mort. Des membres des Vagos sont également blessés. Le lendemain, un Vagos est blessé par balle lors d’un rallye. Quelques jours plus tard, la police arrête Ernesto Manuel Gonzales, un membre de la Green Nation, pour avoir tué Jeffrey Pettigrew. En décembre de la même année, Gary Rudnick, vice-président du chapitre de Los Angeles des Vagos, est arrêté pour être à l’origine de la bagarre ayant mené à la fusillade du casino.
En août 2011, une autre fusillade impressionnante a lieu sur la route I-44, près de Waynesville, dans le Missouri. Une vingtaine d’appels sont reçus par le 9-1-1, signalant un groupe de 20 motards bloquants la route et tirant à l’arme à feu. Il s’agissait de membres du Vagos MC et du Galloping Goose MC en train de régler un différend de façon plutôt musclée.
Conclusion : le monde en vert pour les Vagos
Pratiquement considéré comme une mafia motarde, le Vagos MC continue d’exister. Depuis que leur nom a été lavé de toute implication dans la tentative de meurtres des policiers de Hemet, les Vagos au niveau national tentent de faire profil bas. Ils sont toujours un club de motards hors-la-loi, mais se contentent de crimes plus « légers », semblables à ceux des autres MC 1 %. Il est cependant possible que de futures arrestations surviennent, mettant à mal certaines actions criminelles du gang.
En ce qui concerne les clubs européens, ceux-ci ne font pas réellement parler d’eux. L’arrivée des Vagos à Metz a fait grand bruit, notamment à cause de leurs revendications nazies saluées par Serge Ayoub, mais ils se font discrets depuis. Il n’est pas impossible que de nouveaux chapitres voient le jour en Europe. C’est cependant assez difficile pour ce type de club, aux revendications d’extrême droite, d’arriver à monter légalement une organisation de motards. Il est en effet plus facile aux clubs ne faisant pas partie des 1 % de s’exporter, notamment en Europe et en France.